LaureGervais Journal d'artiste

en-us-Journal d'artiste en Octobre

10/20/2018

Être ou ne pas être artiste ? Telle était la question… Des grands maîtres de ma jeunesse, les premiers à me toucher étaient Monet, Turner & Rubens.

Monet m'apprenait la contemplation et la douceur du vivant, l'amour de la nature et m'initiait à l'impressionisme. Je regardais longuement les reproductions de ses tableaux dans les livres avec l'espoir d'en voir un de mes yeux, quand je serai grande... Ce jour vint vers mes 11 ans, avec les Nymphéas bleus. Après l'impression de quiétude des œuvres, je laissais rapidement place à un intérêt pour la touche. Je m'approchais au plus près des toiles, pour y entrer et voir la richesse de leur matière. Pigments colorés de la peinture à l'huile, superpositions, transparences, gestes. J'éprouvais, sans le savoir encore, ce que Spinoza appelait la béatitude.

Arias

série ELEMENS 
Huile sur toile, 98 x 98 cm, EE2003

De Turner, je retiens l'impression d'éclatements des affects dans ses tempêtes en mer. Le romantisme parlait en moi à travers ses orages et renforçait mon état de spleen Baudelairien adolescent. Turner me disait que le monde était magnifiquement débridé et chaotique, vivant ! J'allai à sa recherche : il me fallait le voir en vrai à la Tate à Londres. Devant ses coups de pinceau,  ses volutes, ses mouvements, j'étais prise d'une joie profonde. Immergée dans ses toiles tempétueuses, je me sentais exister pleinement.

Enfin, avec Rubens, je découvrais la mise en scène baroque. J'ai appris de lui la franchise, l'affirmation des idées. Ses compositions extravagantes à multiples niveaux - plastiques et symboliques. Ses jeux de lumières, couleurs, drapés, expressions et gestes, me renvoyaient à la fois à ma propre ferveur et à ma passion pour le théâtre. Le mouvement, une fois de plus m'attirait, cette fois dans un jaillissement de sensualité.

Etre dans son Elément, et pourtant...

Tandis que je vibrais de tout mon corps et de tout mon esprit pour la peinture en particulier, je rencontrais très tôt des paroles blessantes à propos de mon "idéalisme" et des perspectives malheureuses vis-à-vis de la vie d'artiste. Jeune, je n'avais pas les outils pour combattre des idées reçues comme « Les peintres sont connus et riches post-mortem ». Moi, qui de richesses et de reconnaissances n'avait nullement la quête, je vivais l'art comme une évidence. Et pourtant...

Combustum
série ELEMENS 
Huile sur toile, 

65 x 78 cm, EE2003.

catalogue des prix

Venus d'un ordre social qui ignore la réalité de la création artistique, ces freins ont malgré moi, ralenti le développement de mon Element. Etre ou ne pas être artiste est une question qui n'a cessé de m'habiter.

C'est enfin en 1999 que, poussée par le besoin de connaître la technique des maîtres, je décidais de suivre un enseignement académique. Pour apprendre la peinture à l'huile, je me rendais dans l'atelier de peinture de Christos Vouyiouklis à l'Académie des Beaux-Arts de Watermael-Boitsfort (Bruxelles).